Vous avez dit slasheur ?

« Connais-toi toi-même ! »

Socrate

Il m’aura fallu passer le cap de la cinquantaine pour qu’enfin le voile se déchire et que je découvre, sur le tard mais mieux vaut tard que jamais, mon hypersensibilité. L’identification de cette nature singulière trop souvent méconnue m’a permis de mettre un nom sur une série de symptômes ou de fonctionnements (réactivité sensorielle et émotionnelle exacerbée, empathie, cerveau en éveil permanente, rumination intellectuelle, propension à l’hyperanalyse, faible résistance au stress…) que je subissais sans parvenir à les expliquer jusqu’à l’épreuve ultime de l’épuisement, du burn out et de la dépression – cruelle mais salvatrice. Car loin d’être une marque de faiblesse, j’ai alors décidé de faire de cette dimension émotionnelle un atout à cultiver pour contribuer à amender notre société, à la rendre moins froide, calculatrice et tournée vers la seule performance, et d’en faire une inépuisable source de créativité. J’avais juste besoin de reconnaître et accepter qui j’étais, d’arrêter d’être « normal », de m’autoriser à exprimer mes sensations et de me construire un environnement plus amène.

Mais cette découverte m’aura également permis de mettre le doigt sur une autre dimension de ma personnalité atypique : mon talent de « slasheur », auquel je préfère l’appellation de « zèbre ». Être zèbre, c’est avoir une intelligence à multipotentiel, être pluriactif et aussi, parfois, hypersensible. Et tout s’est éclairci. Pour la première fois peut-être, je comprenais comment je fonctionnais et pourquoi il m’arrivait si fréquemment de surréagir dans des situations dont la banalité aurait pourtant laisser tout un chacun de marbre ou presque. Me reconnaître en tant que zèbre est, humainement, la chose la plus enrichissante qui me soit arrivée, parce qu’être différent est un apprentissage constant.

Oui, ma sensibilité est créatrice d’interactions et d’idées très fortes qui enrichissent ma communauté personnelle et professionnelle. Je suis comme je suis. J’arrête de m’en excuser.

Oui, tout au long de mon parcours, j’ai suivi le fil de ma vie, des rencontres, des opportunités.

Oui, j’ai jonglé d’un centre d’intérêt à un autre, d’un métier à un autre, pour ne pas sombrer dans l’ennui car, quoi que je fasse, quelque chose finissait par me manquer : la créativité, inventer des concepts, écrire, communiquer, bouger… avec toujours cette impression diffuse de n’être pas complet.

J’ai donc décidé d’assumer à 100 % mon statut de zèbre et de revendiquer mes différentes identités. Ma vie professionnelle s’articule autour de ce que j’aime, de ce qui est bon pour moi et de ce que je sais faire le mieux. J’ai choisi de la présenter sous un grand sous-titre qui énumère toutes mes compétences, susceptible de s’enrichir de mes futures envies d’exploration et dont le dénominateur commun, le fil conducteur grâce auquel les autres comprennent, acceptent et reconnaissent ma singularité, sourd de toute part : la connaissance de soi et des autres, la relation à soi et aux autres, le goût et le besoin de comprendre l’humain, le vivant et le monde ; la nécessité de contribuer à changer le monde en inspirant, en transmettant des valeurs et des compétences ; l’envie d’évoluer et d’accompagner la capacité d’évolution chez l’autre ; la créativité, la création.

Infographiste-metteur en page / Rédacteur-concepteur / Correcteur-relecteur / Enseignant-formateur / Auteur / Blogueur / Kinésiologue / Coach de vie et de l’être / Thérapeute holistique et énergétique… Rien ne me comble plus que de contribuer à transformer, enrichir, épanouir, créer de la valeur ajoutée, du sens, de la cohérence.

Parce que je suis passé maître en l’art de transformer l’essai, de créer à partir de la contrainte, de me réinventer, je construis désormais ma vie professionnelle « sur-mesure », en temps réel, en fonction de mes centres d’intérêt, de mes envies, de mes projets et contraintes du moment, tout en tentant de répondre aux exigences matérielles incontournables. Parce que je suis singulier, je crée des offres singulières : en construisant ainsi mon parcours organique au fil de mes multiples expériences et en donnant naissance à des offres tout aussi singulières que moi, je contribue peu à peu, à mon niveau, à la création d’un cercle vertueux de la singularité.

Mes compétences et savoir-faire

Les dons, les talents, les aptitudes sont souvent innés. Quant aux compétences, elles correspondent à l’ensemble des ressources (savoir, savoir-faire, savoir-être) mobilisables. Mais il y a un élément qu’on oublie trop souvent d’associer à ces notions : l’envie. En bon slasheur, je n’ai eu de cesse d’explorer de nouvelles compétences, de nouveaux métiers. J’ai développé ainsi plusieurs talents et expertises spécifiques. En se rejoignant, mes multiples compétences finissent par en créer de nouvelles. C’est le principe du : « 1 + 1 = 3 ». Je dispose ainsi en permanence d’une palette de compétences et d’un bouquet de potentiels non seulement évolutifs mais singuliers car à valeur ajoutée exponentielle !

Principaux domaines de compétences

Médias/Communication
Communication culturelle et de projet, communication publique territoriale, communication politique

Secteur public/Non-marchand
Affaires culturelles et action extérieure des collectivités territoriales

Éducation/Formation
Ingénierie pédagogique et ingénierie de formation, enseignement et diffusion du français langue maternelle et langue étrangère

Savoir-faire associés

Management et conduite de projets

Excellentes capacités rédactionnelles

Gestion administrative et budgétaire

Environnements de travail

Ministères et institutions publiques
Collectivités territoriales
Secteurs privé et associatif

Signes particuliers : slasheur !

Lexique du slasheur

Même si, pour ma part, je goûte assez peu à ces « étiquetages », différents termes sont utilisés pour décrire les personnes qui, comme moi, ont plusieurs centres d’intérêt, activités, métiers…

• Slasheur : terme très visuel et symbolique qui s’est imposé, dans cette époque où nous appuyons plusieurs fois par jour sur la barre oblique de notre clavier d’ordinateur (on trouve aussi scanner ou scanneur, les slasheurs scannant « l’horizon de leurs nombreux intérêts au lieu de se plonger intensément dans l’exploration d’un seul centre d’intérêt » comme l’explique Barbara Sher)
• Slashing : par extension, art de slasher
• Multipotentiel, multipotentialiste ou « multipod » : terme en lien avec la multipotentialité ou la douance (qui désigne les personnes dites douées ou surdouées)
• Polymathe : personne qui possède une maîtrise, une expertise et des connaissances approfondies dans plusieurs domaines ne présentant pas forcément de liens apparents entre eux – référence à « l’Homme de la Renaissance » ou « l’Homme d’esprit universel », reconnu pour son esprit ouvert et curieux de tout
• Pluriactif (ou polyactif) : personne exerçant simultanément plusieurs activités professionnelles (on trouve aussi l’anglicisme multitasking)

Valeur ajoutée du slasheur

• Curiosité (insatiable)
• Envie (à volonté)
• Enthousiasme (débordant)
• Goût d’apprendre en explorant (vite et en série)
• Audace (qui ouvre la porte à la chance)
• Intuition (à la source de l’inspiration)
• Créativité exacerbée (au service de l’innovation)
• Agilité (pour s’adapter en toutes circonstances)
• Changement (une seconde nature)
• Art de faire des liens (mon cerveau fonctionne en réseau ou en arborescence)
• Vision globale (transversale, décalée) et esprit critique (aiguisé, enflammé)
• Synthèse des idées (aptitude à simplifier ce qui est complexe)
• Tectonique des compétences (l’innovation a lieu aux intersections)
• Capacité à recalculer son itinéraire professionnel (faire face à l’imprévu)
• Polyvalence (pour limiter les risques)
• Ouverture aux autres (dans un souci d’épanouissement personnel)

Besoins fondamentaux du slasheur

• Liberté et autonomie (gage de liberté)
• Champ des possibles (toujours ouvert)
• Épanouissement personnel (comme critère central de réussite)
• Besoin de sens (et d’impact)

Les inconvénients de ces avantages

• Le dilemme du choix (entre enfermement et liberté), par peur de la perte ou du renoncement
• Le syndrome de l’imposteur, nourri par une quête de légitimité sans fond
• Le sentiment d’incompréhension, face au jugement ou à la stigmatisation
• Les effets collatéraux de la jalousie
• Des difficultés à concrétiser mes projets
• La procrastination (anti-self-estime), liée à ma difficulté de choisir et de passer à l’action
• La gestion du temps et de l’organisation, parfois un véritable casse-tête
• Le paradoxe de la transparence, qui peut me conduire à compartimenter et étanchéifier mes différentes activités
• Le risque d’éparpillement, qui implique de refaire souvent le chemin vers mon intériorité, ma base d’ancrage
• La fatigue physique et intellectuelle, parce que s’investir en permanence dans de nouveaux sujets demande beaucoup d’énergie
• L’instabilité financière, qui suit les méandres de mon parcours professionnel
• La difficulté de trouver et de prendre ma juste place, au risque de développer un sentiment de frustration, d’injustice voire de gâchis

Mes ennemis jurés

• La routine (et l’ennui), susceptibles d’anéantir mon enthousiasme légendaire
• Le choix unique (et la pensée unique), parce que choisir c’est renoncer à une part de moi-même
• Le diktat de la « norme », synonyme de souffrances, d’humiliations, de gâchis d’envies, de talents et de créativité
• Les limites du cadre, antithèse de l’évolution et de toute possibilité de développement, de changement et d’ouverture
• Les plans de carrière, qui excluent imprévus, rebondissements et fantaisie

« Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as. »

Koan du bouddhisme zen

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